À propos

Jessica Bossis | Photographe

Vous parler de moi… en voilà un drôle d’exercice.

En vérité, je n’ai jamais été de celles qui aiment se montrer. Je trouve ma place cachée derrière un appareil photo, discrète, à l’affût, attentive à un moment, une émotion qui me fera véritablement exister.

« La photographie est un voyage intime, où chaque déclenchement révèle un fragment de mon âme. »

Je l’ai compris bien plus tard, au fil de mes voyages et des rencontres. Aujourd’hui, la photographie est devenue ma manière d’exister, de me dévoiler sans jamais vraiment être au premier plan.

À mon rythme, j’offre aux regards des autres des morceaux encore fragiles d’une personnalité qui se cherche, se découvre, et se construit un peu plus à chaque image et au retour de chaque voyage.

VERSEAU |

Indépendante, rêveuse, solitaire… la liberté est ce qu’il y a de plus précieux pour moi.

Remplir.

« Le voyage et la photographie sont pour moi indissociables. L’un nourrit l’autre, comme deux battements d’un même cœur. Je voyage pour capturer, et je capture pour prolonger le voyage. »

Un jour, un déclic. Pas celui du déclencheur, mais celui du cœur.

On a souvent tendance à croire que la peur nous freine, pourtant c’est bien cette même peur qui m’a propulsée. Peur de le regretter un jour, peur de ne plus pouvoir essayer, peur de ne jamais voir les choses de mes propres yeux, peur de passer à côté de ma vie…Plus elle grandissait, plus je ressentais l’urgence de partir. Il y a des peurs qui nous empêchent d’avancer mais d’autres qui nous projettent. C’est parce que j’ai eu peur que je suis partie.

Un retour à l’essentiel, qui trouve peu à peu sa place dans ma vie, professionnelle comme personnelle. L’art de vivre avec peu, mais avec tout ce qu’il me suffit.

« Je rêvais de parcourir tous les chemins de la Terre, sans jamais imaginer qu’un jour je devrais emprunter celui du deuil. »

Je fais partie de ces personnes qui ont dû recevoir le choc d’un drame pour mesurer l’importance de vivre leurs rêves.

Je n’ai pas toujours eu ce regard sur la photographie.

Photographier, pour moi, c’est arrêter le temps.
C’est tenter de retenir entre mes doigts ce qui, inévitablement, s’échappe. Pendant longtemps, j’ai photographié sans comprendre que c’était ma manière de refuser le passage du temps — de lutter contre la fin des choses.

Je n’acceptais pas que les moments heureux se terminent, que certaine chose se brise peu à peu, sans que je puisse y changer quoi que ce soit. Que la vie qui nous impose des épreuves sans prévenir, et qui murmure ensuite : « Débrouille-toi avec ça. »

Alors, j’ai cherché à comprendre, avec les moyens que j’avais.
J’ai exploré, fouillé, questionné. J’ai appris à jongler entre ma propre quête identitaire et le besoin de préserver ce qui restait fragile autour de moi. J’étais au milieu du chaos, tiraillée entre deux élans : celui de sauver, et celui de comprendre.

La photographie est devenue mon refuge — une manière de capter chaque seconde, de conserver ce qui m’échappe, de revivre le passé pour en faire une matière poétique. Ne pas avancer, mais regarder en arrière, là où se cache encore le beau.


La mélancolie |

Longtemps, j’ai cru être triste souvent, dépressive par période, trop sensible parfois. Je ne comprenais pas pourquoi les choses nostalgiques m’attiraient autant, pourquoi une musique mélancolique ne me faisait pas pleurer mais espérer, pourquoi je voyais la beauté dans la tristesse, l’espoir dans le chaos.

Il m’a fallu du temps pour mettre un mot sur ce que je suis mais j’ai fini par comprendre. Je ne suis pas triste. Je ne suis pas dépressive. Je suis simplement mélancolique.

Je vis avec la douceur des instants qui passent, avec la profondeur des émotions qui s’installent. Le rêve, le passé, les souvenirs.

Nommer ce que j’étais, c’était un peu comme recevoir un diagnostic — non pas pour se soigner, mais pour se comprendre. Ce mot-là m’a offert une clé, une cohérence, une paix. Il m’a permis de relire mon histoire autrement, avec bienveillance, et d’accepter ce que je ressentais sans chercher à le fuir.

Parfois, j’aime même me plonger encore plus profondément dans cet état d’âme. C’est souvent là, au creux de cette mélancolie, que mes mots et mes images sont les plus sincères.

Écrire m’a permis de trouver les mots là où le voyage et la photographie me laissaient sans voix. Noir sur blanc, je pousse mes discours, mes pensées, mes idées au bout de ce que la parole m’empêche parfois d’exprimer.

Comme beaucoup, j’étais aveuglée, refusant de croire que je pouvais être une inconnue à moi-même.

De mes premiers écrits, façonnés par ce que je croyais savoir de moi, je me suis peu à peu plongée dans une écriture plus profonde, qui m’a révélé toute sa puissance. Au fil des mots, des phrases, des chapitres entiers, j’ai peu à peu repris ma place, celle que la vie, avec son bruit assourdissant, semblait avoir dissimulée.

| L’art d’être riche de peu

L’art minimaliste a progressivement conquis mon cœur et influence profondément ma démarche artistique.

Cherchant à mettre en avant l’idée que même avec peu d’éléments il est possible de véhiculer des histoires riches, mes photos visent à communiquer des messages à travers des scènes où seuls les éléments essentiels sont mis en lumière, mettant quelques fois en reliefs les textures, les matières et les détails souvent insignifiants.

Comme une invitation à regarder plus loin que ce que l’on voit, cette approche exige parfois une exploration au-delà de ce qui est immédiatement perceptible en s’aventurant quelquefois dans l’opposition entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. Attirée par ce contraste, j’aime capturer des moments qui révèlent la beauté et la complexité de notre monde.

Le style minimaliste émerge comme un contraste entre les tourments de mon esprit et ce profond désir de simplicité et d’authenticité. Des valeurs forgées au fil de mes voyages. Vivre avec peu, c’est embrasser l’essentiel.

Cet art représente un voyage visuel qui résonne le plus avec ma sensibilité.

Contempler ces images épurées apaise mon esprit et j’ai le sentiment profond que les vides, ces espaces négatifs qui ponctuent mes clichés, reflètent ma solitude, compagne fidèle de ma vie. Un voyage solitaire, une profession solitaire, une existence imprégnée de solitude, tel ce silence nécessaire pour écouter mes pensées et en saisir l’essence.

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Islande – 2019